Interview Exclusive: Tim McCord x Evanescence France (FR)

par | Avr 19, 2021 | Actualités, Interviews | 0 commentaires

A l’occasion de la sortie du nouvel album « The Bitter Truth » Evanescence-France a eu la chance d’échanger avec les membres du groupe via Zoom. Nous avons commencé avec le bassiste, Tim McCord, le 13 mars dernier.

Bonjour Tim!

Je m’appelle Cindy et voici Maïda du site officiel français, Evanescence France. Pour commencer: 

Comment vas-tu? Comment va ta famille? [NDLR : Tim a perdu sa belle-fille Alyssa en février 2020]

Certains jours sont terribles, d’autres un peu meilleurs, nous venons juste de franchir un cap, de s’ouvrir et parler de ce qui s’est passé en toute liberté. C’est comme ce que j’ai dit avant, certains jours sont bons, d’autres sont mauvais. C’est comme se réveiller le matin, faire face à la journée et voir ce qui va se passer. C’est comme ça que nous fonctionnons depuis un moment maintenant.

Nous avons appris pour la perte que vous avez subie avec Danielle et nous sommes désolées de cela.

Merci

C’est difficile de poursuivre avec la suite mais allons-y!

Nous t’avons rencontré en 2006, tu venais de rejoindre le groupe. Nous avons une vidéo de ce moment, où tu nous laisses un petit message (Evanescence-France était auparavant BringMeToLife.Com). A cette époque, tu sembles tellement timide. Que penses-tu de la personne que tu étais à ce moment là? Et en quoi es-tu différent aujourd’hui, en 2021? 

Et bien, je ne suis définitivement plus timide, je suppose que lorsque j’ai fait ce message en 2006, j’étais tout nouveau dans le groupe et tout ça, mais maintenant, 15 ans plus tard, je suis l’ancien du groupe. Je suis là depuis 15 ans et je suis très à l’aise avec ça, il n’y a pas de timidité vous savez, nous sommes tous de bons amis et il n’y a rien de bizarre pour moi d’être membre d’un célèbre groupe parce que ça fait longtemps maintenant.

N’es-tu pas nostalgique de cette période où tu étais le nouveau?

Si bien sûr, vous savez, c’était un moment excitant évidemment, et 15ans après c’est toujours aussi excitant, même si je ne suis plus le nouveau. Je suis comme un grand-père assis dans un rocking chair, à lire d’anciennes histoires à ceux qui arrivent [rires].

Parlons du nouvel album The Bitter Truth:

Comment as-tu vécu le processus de création de l’album? As-tu été impliqué autant que tu l’aurais souhaité? Au niveau de l’écriture des paroles par exemple 

Pour les paroles, personne n’a vraiment participé. Les rares moments que l’on a passés en studio, Amy me demandait ce que je pensais de telle ou telle phrase et je lui suggérais pourquoi pas changer pour ce mot ci. Elle me disait ses idées, elle a écrit seule mais elle était ouverte aux suggestions. 

Pour ce qui est de la composition, on a tous écrit ensemble, il y a eu une session où Jen était là au tout début, et c’est là qu’est née The Game Is Over. Pour la plus grande partie nous avons tous écrit ensemble pour l’album. On était respectueux de chacune des idées proposées, pour chacun des instruments concernés.

De quelle chanson es-tu le plus fier et laquelle as-tu le plus hâte de jouer en live? 

Je pense que je suis fier de tout l’album. Je suis fier de Blind Belief. J’en suis à l’initiative, j’avais ce riff de guitare dans ma tête, et je l’ai joué encore et encore. Un soir j’ai donné le bain à mes enfants, et j’ai joué avec ma guitare, ce que j’avais en tête, je l’ai ensuite enregistré en studio. Amy n’était pas encore là à ce moment,  elle nous rejoignait plus tard, il y avait Nick Raskulinecz (le producteur) Will et Troy. ils ont trouvé ça incroyable et on était partie pour travailler dessus, c’était génial d’entendre quelque chose que j’avais créée. Amy est arrivée plus tard au studio et elle a entendu ce qu’on avait fait, elle a adoré, elle a tout de suite écrit les choeurs, les harmonies, c’est pour moi je pense ma plus grande fierté.

Il y a d’autres chansons qu’on a écrites, qui ne sont pas sur l’album parce que certaines étaient trop personnelles pour Amy, pour moi, et ça n’allait pas pour la finalité de l’album. 

J’aime aussi beaucoup « Broken Pieces Shine ». C’est la première vraie chanson de l’album. Il me semble qu’on a écrite quand on était tous ensemble.  On était au Canada au milieu de nulle part avec les montagnes. Jen avait un clavier et puis on a travaillé dessus. On a eu des opinions différentes sur le refrain de la chanson, et ça a changé peut-être 10 fois, jusqu’à ce qu’on aille au studio, et Amy était genre ‘Ok, c’est ce qu’on va faire, je l’ai‘ et on a joué les idées qu’elle avait lorsqu’elle était chez elle, et après qu’elle ait chanté dessus, et joué pour nous, j’ai pensé que c’était incroyable. Le chant, les acoustiques, font que c’est l’une de mes chansons préférées de l’album. Je suis très fier du travail de groupe sur cette chanson parce qu’on est venu de très loin, surtout avec le refrain, on était comme ‘on l’a vraiment fait ça y est!’ Désolé pour la longue réponse [rires]

Oh non au contraire, c’est génial tous ces détails!

Que peut-on s’attendre du groupe après la sortie de l’album?

Et bien, je ne sais pas encore, c’est une période étrange, on vit avec une pandémie, et les seules choses possibles à faire sont virtuelles pour le moment. C’est compliqué d’être rassemblés, donc je ne sais pas vraiment ce à quoi on peut s’attendre après la sortie de l’album. Peut-être que lorsque la vaccination sera bien avancée, et que la pandémie sera un peu plus contrôlée, on pourra pensé à des concerts. Je pense qu’on va continuer de faire des concerts virtuels quand on aura l’occasion, je ne sais pas trop, on doit attendre et voir l’évolution de tout cela.

On a parlé de ce qu’on pourrait faire, en attendant de voir une évolution mais je ne peux pas vraiment en parler.

Une tournée avec Within Temptation est prévue en septembre, penses-tu que d’autres tournées seront planifiées en France? Ailleurs qu’à Paris, dans de plus petites villes par exemple

Ca ne dépend pas de moi. Vous savez peu importe les concerts, ils sont tous importants, que ce soit des grandes ou des petites villes, 10 000 ou 5 personnes. Je suis du genre à suivre, si on doit aller à un endroit précis, j’y vais, je n’impose pas de ville comme Paris ou d’autres dont je n’ai jamais entendu parlé. C’est toujours excitant quel que soit l’endroit. 

Maintenant parlons un peu plus de toi:

En septembre 2018, tu avais partagé des extraits de quelques chansons.

 As-tu toujours prévu de sortir ton album solo? Peux-tu nous en dire plus à ce sujet

[Tim est ému] Eh bien après ce qui s’est passé dans ma famille l’année dernière, c’est difficile. 

Il faut savoir que le jour où la tragédie a eu lieu, j’étais en studio pour enregistrer le chant de mon album solo, je suis rentré à la maison, et j’ai découvert ce qui s’était passé, et bien sûr ça a complètement stoppé l’avancée de mon album. A chaque fois que j’y pense, mon coeur me fait trop mal parce que j’associe le jour où j’étais en studio et le jour où c’est arrivé. 

Je n’arrive pas à me faire à l’idée de reprendre ce projet pour l’instant. Mais je continue d’écrire des chansons, je n’ai pas arrêté. J’ai juste arrêté ce projet en particulier. 

J’ai d’ailleurs écrit une chanson sur Alyssa, sur la tragédie, les sentiments que j’avais avant et après, ce que j’avais sur le coeur. J’ai partagé ça avec le groupe, et ils ont vraiment aimé. 

On a d’ailleurs enregistré une version en studio, c’est l’une des chansons qui n’est pas dans l’album, mais j’espère qu’un jour elle sortira. 

Cet album solo, c’est comme une thérapie. Donc je prévois de le faire. 

Ce qui est arrivé à ma famille et moi, ça a tout changé, avec cette pandémie qui est arrivé également. Mais je dois reprendre. Je ne peux pas dire quand ni comment, mais je le ferais. 

Les théâtres/cinemas sont fermés. Les tournées annulées. En tant que musicien, comment te sens-tu sens par rapport à l’année dernière?

C’est horrible, c’est déprimant. Le monde entier était confiné chez soi. J’ai vécu de la musique comme musicien la plupart de ma vie, et le fait de ne pas pouvoir m’exprimer sur scène, de ne plus voir les gens venus pour notre musique, ça me brise le coeur. Tout comme voir les autres personnes dans notre cas à l’arrêt. Ce qui est le plus difficile selon moi, c’est l’impact pour l’industrie musicale, toutes les personnes du staff, du management, et tous les gens pour qui la vie dépend de notre travail, comme le staff d’Evanescence ou certains de mes meilleurs amis. Les regarder lutter c’est très difficile, c’est juste déprimant et mon coeur est avec tous les professionnels de la musique, qui ont ça dans le sang. C’est horrible. On compte tous sur le vaccin ‘Ok on attend le vaccin et on retourne au travail’ donc j’espère vraiment que ça changera très vite, ça fait presque un an, le changement n’arrive pas aussi vite que je l’aurais souhaité, on verra ce qui se passera. 

Et tu as parlé des théâtres et cinémas, je suis un grand cinéphile donc de ne pas y aller est juste horrible aussi. 

Avec la pandémie, as-tu essayé ou commencé quelques chose de nouveau?

En quelque sorte oui, je continue de créer de la musique. J’ai été approché pour faire une chanson d’un jeu vidéo. J’ai toujours voulu faire ça depuis que je suis enfant, j’avais six ans quand la Nintendo originale est sortie, et ça a complètement changé ma vie. Un ami à moi que j’ai rencontré il y a quelques années à travers Evanescence d’ailleurs, m’a demandé si j’étais intéressé de faire une chanson pour un jeu vidéo. Du coup j’ai passé pas mal de temps à créer un programme de musique, qui ressemble un peu aux chansons de Nintendo. C’est un peu différent de ce que je fais d’habitude, mais jouer de la guitare, de la batterie, de la basse et tout cela, c’était vraiment amusant à faire cela et ça donne quelque chose de vraiment cool.

En parallèle, pendant la pandémie, j’ai suivi mes enfants avec l’école, parce qu’avec le virus ils ne pouvaient pas aller à l’école, et suivre leurs cours classiques donc ils ont fait des cours via Zoom. J’étais avec ma fille Maddie tous les jours, à m’assurer qu’elle fasse ses devoirs, répondre à ses questions, l’aider quand elle en avait besoin, donc je suppose que je suis devenu un professeur. [rires]

J’ai aussi profité de ce temps pour être avec ma famille, m’assurer que tout le monde allait bien, essayer d’avancer pas seulement à cause de la pandémie mais de la tragédie qui s’est produite. C’est assez particulier pour nous parce qu’il y a eu cette tragédie, et 2-3 semaines après on était confinés. C’était une double peine pour tout le monde ici, on était déjà dans une profonde tristesse et le monde entier s’est arrêté. C’était et c’est encore inimaginable, indescriptible ce qu’on ressent. 

J’essaie de faire de nouvelles choses en étant à la maison mais la plupart du temps j’essaie de prendre soin de ceux que j’aime.

As-tu quelque chose que tu prends toujours avec toi pendant les tournées?

En effet oui, je prends toujours mon ordinateur portable, ma basse, ma guitare, comme ça je peux enregistrer les idées que j’ai en tête dans ma chambre d’hôtel.  Je prends toujours aussi ma PlayStation, j’adore les jeux vidéos donc quand on a une journée de repos, et que j’ai rien à faire, j’installe ma playstation et je joue de la guitare, c’est ce qui m’occupe, sinon je tourne en rond nerveusement dans ma chambre à cogiter et à appeler ma famille 40 fois par jour, donc je m’occupe en créant.

Penses-tu qu’il est envisageable d’avoir une tournée spéciale 20 ans de Fallen? 

Je ne sais pas, je n’étais pas là quand Fallen est sorti, je suis arrivé pour The Open Door, donc je ne sais pas du tout. Je ne me souviens pas qu’on en ait déjà parlé. Si quelque chose se prépare à ce sujet, ce serait bien. C’est un bon album, et on adore jouer les chansons en live, de ce que j’en sais il n’y a rien en cours mais je ne suis pas opposé à cette idée.

La prochaine question est étrange.

Le pseudo d’Amy était  « Blanche Neige ». Donc je lui avais demandé en 2011, en fonction de ta personnalité, à quel nain tu lui faisais  penser. A l’époque elle avait répondu « Simplet ». Tu es d’accord avec elle?

Non je ne pense pas ressembler du tout à Simplet. C’est presque insultant. [rires]. Si je devais en choisir un je dirais que je suis Joyeux. Je fais toujours des blagues, je suis toujours celui qui est sarcastique et fait rire les autres. C’est mon rôle dans le groupe. On me décrit comme peut-être Farceur, simplet et grincheux. Même si je ne suis pas quelqu’un de grincheux. J’ai la réputation de ne pas sourire sur les photos et tout mais on est un groupe de heavy rock. Quand vous verrez un groupe de rock faire ça [Il grimace, se rapproche de la caméra et fait un sourire forcé de Joker]  sur les photos ce n’est pas comme ça que ça se passe. Le sens de l’humour et passer de bons moments, c’est extrêmement important pour moi, et vous pouvez demander à n’importe qui dans le groupe, ‘comment est Tim? Est-ce que c’est quelqu’un de sérieux?’ et ils vous répondront ‘Mais de quoi tu parles, Tim fait toujours des blagues’ Donc je dirais que je me définis davantage comme Farceur, mais attendez Farceur c’est même pas un nain c’est un schtroumpf, est ce qu’il y a un nain qui est drôle? 

Si tu veux tu peux être Joyeux?

Ok ça me va, euh je me sens un peu honteux mais je peux pas nommer tous les nains..

Simplet , Joyeux, Atchoum, Grincheux, Dormeur..  on se souvient pas hahaha

Ouais moi non plus..[rires]

Pour terminer, veux-tu dire quelques mots pour les fans français ?

Bien sûr, comme je l’ai dit avant, vous êtes tous géniaux. On vous apprécie beaucoup. Merci d’être toujours là. C’est toujours de bons moments de jouer de la musique pour vous, c’est aussi toujours un bon moment d’interagir avec vous. On adore savoir ce que vous ressentez, se donner des nouvelles. Depuis toutes ces années de soutien. Je peux dire personnellement que j’ai hâte de vous revoir et de jouer de nouveau pour vous. On espère que vous allez aimer le nouvel album.

Merci beaucoup pour le temps que tu nous a accordé, c’était un super moment en ta compagnie. Passe le bonjour à Danielle et à tes enfants pour nous.

De rien et merci. Je passerais le message dès qu’on aura terminé